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Mots de nuit et jour
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1 avril 2015

Perte (4)

Il était 17h, la lumière au dehors s'amenuisait rapidement, un taxi conduisit Aidan à l’hôpital, tandis que Dean retourna au studio. Elle avait changé de service pour être installée dans une chambre individuelle. Elle était réveillée quand il entra. Elle lui fit signe d'approcher. Elle avait l'air si fragile dans ce lit d’hôpital, une petite poupée noyée dans les draps blancs amidonnés. Il voulut s'installer sur le fauteuil prés du lit mais elle l'en empêcha, prit le poignet d'Aidan et posa sa main sur sa poitrine où se trouvaient les électrodes qui surveillaient ses fonctions vitales par un moniteur. Son cœur battait très fort, faisant clignoter les chiffres rouge sur l'écran du moniteur. Ils se comprirent sans un mot. Puis elle lui fit signe de s'installer sur le lit. Malgré la douleur due aux opérations et à la cicatrice, elle se décala pour lui laisser la place de s'allonger auprès d'elle. Être ensemble, enfin l'un contre l'autre, c'est tout ce qu'ils demandaient après cette épreuve qui mit au clair leurs sentiments respectifs.

Elle remarqua sans peine son état d'épuisement, elle le rassura comme elle pouvait en lui disant que ce n'était pas si grave, qu'elle s'en remettrai vite, qu'il pouvait se détendre, qu'elle ne partirait pas, tout en regardant tous les fils branchés à son corps.

Rester éveillée lui demandait beaucoup d'efforts elle clignait des yeux pour rester consciente, profiter de sa présence encore une minute de plus. Mais c'était trop dur. Juste avant qu'elle ne tombe dans un sommeil réparateur, il ne put garder pour lui ces mots qui lui brûlaient les lèvres depuis qu'il était entré dans la pièce. Il lui souffla à l'oreille « I love... you ». Un soupir de satisfaction lui confirma qu'elle l'avait entendu. La nuit se passa sereinement malgré les visites des aides soignantes qui venaient vérifier les constantes et changer les poches de perfusion. Personne n'osa lui demander de partir, l'histoire de sa présence ayant fait le tour du service. Le respect qu'ils avaient de sa vie privée le toucha, aucune photo ne fut prise de lui et de cette inconnue qu'il ne voulait pas quitter. Pourtant il le dût. Sa convalescence devrait durer plusieurs jours, il ne pouvait rien faire pour elle. En fait, si, une chose lui affirma-t-elle. Il était revenu sur cette île de l'Océanie pour raison professionnelle, il devait tenir ses engagements. Contraint de reprendre la route des studios, il lui demanda avant de partir ce qu'il lui ferait plaisir. Il ne s'attendait pas à une telle réponse mais après tout ça ne l'étonna pas vraiment maintenant qu'il la connaissait mieux. « Un film. Fini ce film qui m'a fait te rencontrer. »

De nouveau séparés, ils reprirent leur jeu de photos mais par téléphone interposé cette fois. Elle se contentant de lui décrire les petites choses de sa vie de patiente et lui en envoyant des photos des coulisses du tournage. Elle resta sept jours au total depuis son arrivée par ambulance. Au bout de trois jours, son état étant stabilisé, il avait été question d'un rapatriement en France. Elle ne savait pas quoi faire. Rentrer retrouver le peu de famille qu'elle avait et ses amies, sa maison, son quotidien ou rester ici à attendre la visite d'Aidan, quand il serait libéré de son travail.

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