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Mots de nuit et jour
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20 mars 2015

Perte (3)

Aidan appela son ami qui était parti dormir dans la chambre d’hôtel du centre ville, pour qu'il le récupère à l’hôpital. Ils allèrent au bar irlandais où les affaires d'Hélène attendaient le retour de leur propriétaire. Aidan voulait aussi mettre au courant le personnel de l'établissement sur l'état de santé de leur cliente. Ce n'était déjà pas courant d'y voir des célébrités, alors qu'il retrouve son amie dans ces circonstances, c'était l'animation de l'année.

C'est ainsi qu'Aidan appris qu'Hélène s'était installée ici pour profiter du quartier moins mondain du centre ville et qu'en parlant cuisine elle s'était liée d'affection avec le barman et la serveuse. Un des clients régulier était français et elle discutait durant des heures avec cet inconnu. Mike le barman, leur indiqua que cet homme allait d'ailleurs bientôt arriver pour prendre son déjeuner. Ne sachant de toutes façon pas où aller, ni à l’hôpital ni à son hôtel et encore moins capable de travailler, ils restèrent là attendre l'arrivée du français.

Après avoir descendu les effets personnels d'Hélène, Dean et Aidan s’installèrent au fond de la salle, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. Quand l'homme que les deux acteurs attendaient entra en saluant Mike, celui-ci lui dit pour Hélène. Il retira son bonnet de laine et secoua la tête d'un air peiné, il demanda au barman si quelqu'un était venu chercher les affaires de la jeune femme, ce dernier pointa alors son doigt vers la table où se trouvaient les amis de la malade. L'homme d'age mur serra la main des deux jeunes hommes et s'installa à leur table. Il parlait aussi bien français qu'anglais. Il raconta succinctement son histoire et son arrivé chez les kiwis, il y a vingt ans. Mais c'était surtout la relation de courte durée qu'avait entretenu ce Charles et Hélène qui intéressait Aidan. Tout en mangeant son repas, l'homme leur expliqua sa rencontre avec la jeune française.

C'était mardi à midi. Hélène qui venait de rendre sa chambre d’hôtel du centre était venue déjeuner ici. Elle voulait tester les spécialités de ce bar qu'elle trouvait si chaleureux et lui faisait penser aux estaminets du Nord qu'elle fréquentait à l'adolescence. La valise trônait à coté d'elle. Piqué par la curiosité, Charles remarqua le drapeau tricolore qui se trouvait sur l'étiquette d'identification de la valise rouge. C'est ainsi qu'il engagea la conversation. Le premier jour ce fut des banalités sur comment ils étaient arrivés aussi loin de leur pays natal.

En payant à la caisse du bar, elle demanda à Mike s'il y avait des hôtels pas trop cher dans les environs, il lui proposa une des trois chambres à l'étage, qu'elle accepta volontiers sans même avoir visité l'endroit.

De toutes façon elle ne pouvait retourner en France, pas sans avoir de nouvelle d'Aidan. Pas un sms ou appel depuis son départ, ce n'était pas normal, car ils s'étaient enfin échangé leurs numéros à leur première sortie. Alors c'est elle qui le contacta, la réponse déclencha en partie son départ mais c'est surtout qu'il lui manquai trop. Ne plus entendre ses pas, ses jacassements à travers la cloison, lui donnait l'impression d'être dans une prison dorée. La barrière de la langue était devenue un vrai problème. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour parler anglais le plus souvent possible.

Autant elle adorait la culture des anglo-saxons, autant leur langue lui était pénible. Elle regretta alors son manque d’intérêt aux cours du collège et lycée, mais il n'était pas trop tard pour apprendre.

Avec la connaissance de Charles, ce pays lui paru moins hostile, elle pouvait enfin communiquer par des phrases longue et complexe comme elle aimait. Ces deux là furent de vraies pipelettes durant trois jours où ils se retrouvaient pour la pause méridienne. Elle lui raconta en détail ce qui la préoccuper, s'étalant sur ses sentiments contradictoires entre la joie de se sentir aimée et la peur des conséquences, leurs modes et niveaux de vie étant si différents.

Charles dut repartir travailler, sa boutique devant ouvrir à 14h.

Cette discussion fut précieuse pour Aidan, il comprenait mieux la femme qu'il avait passé tant de temps à réconforter, avec qui il avait échangé sur leur quotidien et qu'il avait tant de mal à cerner depuis son arrivée. Il se confia sur son propre comportement et sur son mélange de sentiments avec Dean, qui le laissait parler sans l’interrompre, lui répondant juste par d'autres questions. Seul Aidan pouvait faire le tri dans son histoire peu commune avec Hélène.

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