Kiwi (5)

Toute excitée à l'idée de montrer ses trouvailles à Aidan, elle vida prestement ses sacs par terre. Elle enfila la première tenue avec le manteau de peau à doublure et les bottes en cuir.

Elle frappa à la porte communicante et entra.

Il était à la fenêtre à lire des documents, quand il la vit entrer il siffla, ce qui la fit rougir et se dandiner. Elle tourna sur elle-même tandis qu'il s'avancait au centre de sa chambre. « So nice! » dit-il et il commença à défaire les boutons de bois du manteau. Elle le laissa faire. Il découvrit un pull en laine bleu Bermudes. Un simple acquiescement cette fois valida le nouveau vêtement. Sur un simple geste du doigt il demanda ce qu'il y avait encore en dessous, avec un air taquin. Cela la fit rougir encore plus mais se recula pour lui faire comprendre qu'il n'en verra pas plus. Il se mit à rire en voulant l'attraper, elle réussit à l'esquiver et se mit à courir à travers les deux chambres. Au bout de cinq minutes de course tels deux enfants jouant au chat et à la souris, il la prit par la taille et ils roulèrent sur le lit de la chambre d'Aidan, qui était jonché de papier, sûrement son texte à apprendre. Un fou rire les prit. C'est à bout de souffle qu'ils se regardèrent les yeux brillants. Elle tenta de se relevé mais il l'embrassa au même moment. Elle se figea.

Ce penchant à nouveau pour recommencer, elle l'arrêta en mettant son index entre leurs lèvres et repoussa son compagnon. Il s'écarta pour la laisser partir. La bonne humeur ambiante et leurs sourires disparurent. Il ne la comprenait pas. C'était bien la première fois depuis des années qu'une femme lui résistait. Il était plus que séduisant et avec tous les signaux qu'ils s'envoyaient il pensait avoir enfin trouver le bon moment pour lui faire comprendre que ses sentiments étaient devenus plus que la simple amitié. Alors sa soudaine froideur ne faisait qu'accentuer ses questionnements et le mystère de cette femme, ce qui la rendait différente des autres.

Elle rentra directement dans sa chambre, fermant la porte entre leurs chambres. Elle enleva les vêtements neufs et remit son ancienne tenue, laissant sur la moquette pourpre le tas de tissu qu'elle venait d'acquérir. Elle s'assit dans un coin de la chambre, le plus en retrait et se mit à sangloter en se balançant. Aidan l'entendait à travers le mur. Quand les bruits cessèrent, il la rejoignit, s'assit à ses cotés et s'excusa. Il posa sa main droite sur un des genoux qu'elle serrait contre sa poitrine. Alors qu'il pensait que son geste allait être interprété comme une nouvelle agression, elle mit une main par dessus la sienne et pressa ses longs doigts, en signe d'excuse acceptées.

Ils restèrent là sans bouger jusqu'à ce qu'un énorme bruit brise le silence pesant. Leurs ventres gargouillèrent en même temps. Un léger sourire apparut sur les joues de sa douce amie. Il préférait la voir ainsi.