Kiwi (4)

Elle passa son index sur ce dessin symbolique de leur relation si particulière. Ses doigts étaient glacés, elle était frigorifiée en fait. Ce contact le réveilla si rapidement qu'il faillit faire rencontrer leurs fronts, comme avec la porte de l'appartement.

Un timide sourire illumina son visage teinté de doré par le soleil. Elle continua à passer son doigt sur la marque d'encre puis plongea sa main dans ce qu'il restait de cheveux. On lisait l'attente dans les yeux d'Aidan mais ce transforma en soulagement quant elle lui dit en anglais « Tes cheveux, avec le temps... ». Il lui serra la taille qu'il n'avait pas lâché de toute la nuit, peut être par peur de la voir s'éloigner de lui. Il la lâcha, pris la main froide qui passait sur son crane et la lui baisa du bout des lèvres comme on effleure une fleur fragile.

Le froid elle n'y avait pas fait attention la veille dans l'euphorie des retrouvailles mais en ce mois de juillet, à l'autre bout du monde c'était l'hiver et non l'été comme en France.

Rien dans sa valise n'était vraiment adapté, à moins de superposer les couches de vêtements. A la réception de l'hôtel elle put faire du change avec sa carte de paiement. Le concierge lui conseilla quelques boutiques dans les environs mais le shopping dut se faire sans son escorte favorite. Dés qu'il allait dans des endroits trop fréquentés ça se transformait en séance d'autographes sauvage, d'où le camouflage à l'aéroport.

La matinée de cette première journée fut loin d'être agréable. Les boutiques qu'on lui avait recommandées étaient hors de prix, enfin pour son budget de fonctionnaire. Elle dut s'aventurer plus loin malgré le froid ambiant pour trouver des articles plus abordables et plus dans son style vestimentaire qui au quotidien était tout sauf glamour ou sophistiqué.

Elle reprit le chemin de l'hôtel quand la faim la tenailla, par chance un petit bar se trouvait à quelques mètres de l'autre coté de l'avenue. Pas de croissant ou autre viennoiserie habituelle, alors elle ne prit qu'un café. Tout en le buvant à petites gorgées, elle étudia la carte. Beaucoup de ce qui s'y trouvait était d'origine américaine, elle se souvint alors de ses recherches sur ce pays qui avait été colonisé par les anglais, alors il était normal d'y retrouver scones, pancakes, cookies, céréales et un vaste choix d’œufs aux différentes cuissons. En se promettant d'y revenir avant son départ, elle retourna à pied jusqu'à l'hôtel.